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Vazard – Heavolution 001 – 4/5

28 Mai

Il est souvent question de morceaux médiocres ou ininspirés lorsque l’on parle de grandes maisons de disques, véritables usines à musiques. Mais ça ne signifie pas pour autant que tous les petits labels sont bons pour autant, si on veut chercher une analogie. Ils sont nombreux, les petits labels numériques, à inonder le net et les sites d’achats en ligne de nombreuses pâles copies de blockbusters à la qualité de production douteuse. On peut comparer ces petits labels à l’industrie des séries B au cinéma, des films tentant de racoler vulgairement à l’aide de films au nom quasiment identique à l’original et dont l’histoire est tout à fait inspirée, le budget en moins.

Mais ici il n’est pas question de ce genre de petits profiteurs, mais bien d’un label numérique qui nous apporte quelques perles d’originalité. Laissez-moi vous parler de Spoontech Records fondé en 2010 par deux jeunes australiens: Stewart-Vazard & Ryan-Delete. Rien que le nom, dont la consonance française fait gland, respire l’envie de se différencier. En effet, les deux fondateurs du label ont expliqué lors d’une interview (disponible ici) avoir choisi le mot spoon (cuillère en français) de façon tout à fait aléatoire, dans le seul but de ne pas être comme les autres. L’idée aurait pu finir en bonne farce, si ça c’était arrêté là, mais les sorties du label ont directement été marqué par une touche tout à fait personnelle. Les sonorités sont sales et même un peu minimalistes, les rythmiques se résument un kick sourd hachant les morceaux à coup de pilon, et les quelques mélodies ne sont là que pour ajouter une touche à l’atmosphère particulière, et non pas pour tenter d’amadouer l’auditeur novice avec quelques frissons faciles.

Stewie étant, en plus du fondateur du label, un de ses artistes les plus récurrent, nous propose une œuvre cohérente, qui ne cache jamais ses faiblesses et révèle une sincérité rare en Hardstyle. Le but ici n’est pas de faire couler une larmichette en écoutant une mélodie nous rappelant vaguement une émotion triste ou heureuse, mais bien de nous ouvrir à des nuances d’émotion ambiguë. On ne sait pas toujours dire si le morceau nous induit une colère, ou si la frénésie du kick nous rappelle l’ennui de longues nuits à errer sans sommeil.

Et hier, le 28 mai, nous avons eu droit à un nouvel opus de l’ami, sous le nom de « Who I Really Am » que je conseille vivement, déjà pour le morceau-titre, sombre et malsain, mais encore plus pour le morceau Heavolution 001, qui résonne comme un cri industriel contre une autorité supposée tyrannique. Car pour celui qui ne l’aurait compris, ce morceau évoque très certainement une révolution d’une masse oppressée et vouée au labeur forcé, au son des pioches et des cris de détresse. On y décèle dans le climax la rage et la haine des soumis, mais l’issue du combat à la fin du climax sonne comme un recommencement éternel et une supposée défaite des opprimés. C’est en somme une métaphore sombre, teinté de nihilisme, qui nous apporte une expérience unique.

Ce qui est intéressant, c’est que Stewart n’est pourtant pas un producteur de longue date, puisqu’il débute la composition en 2008, et ne sort son premier EP qu’en 2009. Comme quoi, il n’est pas utile d’avoir beaucoup d’expérience et de produire des morceaux techniquement parfaits pour être en mesure de faire parler son art et développer des idées nouvelles. J’ose espérer que les compositeurs en herbes qui lisent ceci en prendront de la graine et privilégieront un peu plus la sincérité vraie de leur art avant de penser à reproduire avec facilité ce que tout un chacun peut reproduire.

Pour ce nouveau coup de pied au cul des convention, j’accorde l’excellente note de 4/5 à Vazard. En effet, je garde une réserve car on sent que l’artiste peut encore s’épanouir plus et développer un son plus pur au service de son incroyable sensibilité.

Si vous n’avez pas encore pris la peine de le faire, et que ces mots vous ont convaincus, jetez donc une oreille attentive au morceau : http://www.youtube.com/watch?v=IXG7il7EKD0

Bonne écoute, et n’hésitez pas à augmenter le volume, pour une fois que c’est bon.

Psyko Punkz – Psyko Foundation – 1/5

28 Mai

Psyko Punkz, formé par Wietse et Sven, fait partie de cette nouvelle génération de duo de DJs/Compositeurs ayant apparu du jour au lendemain parmi les tête d’affiches de toutes les soirées. Et si pour certains on est en droit de se poser des questions sur la façon dont ils y sont arrivés, chez les deux Psyko, il est évident que c’est grâce à une formule quasiment inchangée au cours des nombreuses sorties, une sorte de marche effrénée et répétitive vers la gloire et les paillettes.

On peut au moins leur reconnaître une cohérence dans leur œuvre, car depuis le début ils s’attachent à suivre un canevas tellement calibré qu’il ne serait pas ridicule de se demander s’ils ne partent pas du même projet à chaque fois. Les mélodies sont vraiment typées dans chaque morceau, avec un accord montant ou descendant, puis un retour au début, avec le kick qui s’amuse à remonter et redescendre inlassablement de la même façon -recette de kick toujours identique, s’il faut le préciser. Mais là où ils ont conquis le public, il faut l’avouer, c’est quand le petit nerveux, l’ami Wietse, s’est mis à rapper dans ses morceaux. Le rap a en effet toujours été une valeur sûre dans ce type de musique, souvent utilisé pendant les breaks pour ratisser un public plus large qui dirait « j’aime pas le morceau, mais le passage avec le rappeur est trop cool ».  Les deux compères sont même allé un peu plus loin, en rappant en rythme avec la musique, comme on peut l’entendre sur Rock Ya Attitude qui, je dois l’admettre, m’a moi-même intrigué lors de sa sortie.

C’est à partir d’ici que le duo est mis en avant comme des « bêtes de scènes » (pour ne pas dire bêtes de foires), et on se rend compte que Wietse est le dominant, gesticulant et sautant, faisant des signes vigoureux tel un rappeur devant son public en feu. Cette attitude permettra même à Dirty Workz -label quand même Jumpstyle à la base, il faut le rappeler- de s’approprier un public plus « tendance », plus « dans le coup », des adolescents en manque de provocation qui veulent susurrer des paroles sans en comprendre le sens, en écoutant leur musique dans le train. Cette sortie marque aussi une amélioration dans la production des jeunes hommes, qui dorénavant ne sonne plus aussi sèche et vide qu’auparavant. Malgré tout, on reste toujours dans le même canevas.

S’ensuit donc d’autres sorties, basées sur le même genre de vocaux, puisque ça marche, et un réel engouement se crée, avec les fans et les détracteurs. Continuant sur la même lancée linéaire, entrecoupée d’un nombre assez excessif de remixes, Wietse et Sven finissent par nous envoyer aux oreilles tout récemment leur nouveau blockbuster, sous le nom de « Psyko Foundation« . Et là on entre quand même dans une autre ère, parce qu’on a droit au vidéoclip, effet de mode incontestable de ces derniers mois. Le clip joue sur la vague des masques initiée par les très en vogue Anonymous, et nous simule l’enlèvement d’un jeune homme écoutant de la musique « pas cool », pour lui faire subir une transformation pour devenir lui aussi un petit bonhomme avec un masque écoutant les « très cool » Psyko Punkz. Le reste du clip est tout à fait aléatoire, filmant des extraits de soirées entrecoupés de quelques séquences avec ces masques. Musicalement, ça reste proche de ce qu’ils font d’habitude, même si l’ensemble se veut plus « anthémique ». On notera quand même qu’il nous a été épargné les petits couplets de rap, mais ils ont été remplacé par quelques paroles inutiles décochée par une voix grave de fumeur cancéreux en phase terminale, comme dans les génériques de films d’action. Finalement les Psyko Punkz nous auront prouvés une fois de plus qu’ils composent toujours le même morceau, en rajoutant les éléments qui marchent, démarche tout à fait intéressée et loin de ce qu’on est en droit d’attendre, assoiffés d’art et de renouveau que nous sommes.

Ce sera donc un 1/5 pour le duo, parce que leur clip est vraiment, mais alors vraiment, pathétique et racoleur, et que la musique ne brasse que du vent et du déjà-vu.

Pour contempler le désastre, c’est par ici: http://www.youtube.com/watch?v=vb36V_7xfro

Bonne écoute, et s’il vous vient l’idée d’écouter une musique bien une fois, essayez toujours, ça ne peut pas faire de mal.